Made in Rive droite

On dit d'un homme qu'il doit tuer le père pour avancer. Mais une femme, lorsqu'elle tue le père de substitution, doit-on prendre cet acte comme un vrai meurtre ?

Je me posais la question, bête et sans réel désir de réponse, lorsque j'attendais mon tour à La Poste. Devant moi, une femme d'environ trente-cinq ans, au visage abîmé par la vie comme le sont souvent les ouvrières de mes souvenirs. Elle sentait bon le repassage. Elle doit travailler au pressing de la rue de l'Ancienne Comédie. Je me suis dit que son homme devait aimer cette bonne odeur en rentrant le soir, aussi agréable qu'un chat qui vient ronronner sous votre menton. Je me suis aussi dit qu'elle avait cette chance, si elle fumait, de ne pas sentir le tabac. Enfin puer.

Et (et, qui n'a pas lieu d'être là mais je l'aime bien alors je le laisse) lorsqu'hier, en rentrant chez moi, j'ai croisé un docteur d'un jour courant sur le boulevard mais prenant le temps de me sourire, je me suis dit que la vie était étonnante. Une personne vue il y a des mois, une fois, un quart d'heure, se souvient de mon visage et m'offre un regard bon et prolongé le temps d'une course. Un homme, celui-là dans vos confidences et vos intimes heures de partage, capable de vous voler le secret d'un amour pour le jeter au coin des sans attentes. C'est drôle, drôle de toujours se laisser surprendre par l'humain et mon contraire. Je me comprends et vous non, on s'en moque.

Et là, je me dis qu'il est bien étonnant d'avoir pris ces minutes pour raconter ce qui a dû s'accrocher quelque part dans ma mémoire je ne sais pourquoi. Ah si, je sais pourquoi : parce que ça agrandit ou amenuise la taille du coeur. Enfin le faux. Parce que le vrai, il est en pleine forme. Même que je compte bien enterrer les enfants du voisin et les fiancés d'hier. Et peut-être même enterrer l'ancien corps. Non, évidemment, il est impossible de s'enterrer vivante, je veux garder les névroses, les cicatrices et même les fausses, elles sont moi et pour rien au monde je les tuerai pour contenter le roi du monde.

J'ai dit n'importe quoi. Tiens, il est 17h passée pourtant. Pourquoi passée ? é ou ée ? Hmmm, je ne devrais pas feuilleter Voici avant de laisser échapper quelques conneries ici, ça désinstruit. Oui, vous avez raison, y a-t-il instruction au fond ? ;) 

Travailler le jour, vivre la nuit. Ou l'inverse, selon l'humeur. Rouler un spliff et le savourer en écoutant Coltrane assise les doigts de pieds en éventail sur le canapé, un fou chantant au bout de la ligne. Prendre rendez-vous chez la dermato pour retirer ce grain de beauté. Oublier la prise de risque chez Christophe Robin. Et rousse ? Peut-être envoyer envoyer un mail à Miss "Petits toasts" pour qu'elle arrête de me faire la gueule. Je crois qu'elle va me la faire éternellement. Envoyer mes voeux à tout le monde. Ils doivent tous faire la gueule, eux aussi. Merde, je comprends pas pourquoi tout le monde me fait la gueule parce que je m'exile un temps. A croire qu'ils m'aiment tous quand j'ai des tartines de chagrin à leur faire avaler matin, midi et soir ! Me sortir Ian Curtis de la tête ou ça va me rendre dingue. Penser aux conséquences désastreuses des niniches et des pâtes qui piquent lorsque je veux manger. Appeler celle qui engueule ses psy pour qu'on s'organise des plages piscine. Ca fait chier, j'aurais bien essayé le blond de Chiara quand même... Me motiver pour répondre à tous les mails pro, sans exception. S'y tenir. Penser aux étrennes. Penser à lui demander combien elle prend pour les ménages. Penser qu'à ma gueule, en fait. Mais en moins pire. Osciller entre 22 et 26 ans. Penser qu'il aura trente ans, peut-être l'occasion de savoir s'il baise toujours aussi bien. Penser aussi à dire aux mecs qui ont une petite bite qu'il devrait tailler leurs poils, paraît que ça donne l'impression qu'on en a une plus grande. Acheter un nouveau sac de voyage. Regarder les prix des vols. Demander si certains m'hébergeraient. Nolita, ce serait chouette.

Et comme le dit si bien petit chat, je vais renaître de mes cendres. Certaines et certains d'entre vous savent que je me refais une santé sous le soleil et que je crache ma peine sur un autre espace. Un espace secret, comme disent les petits. 

Pourquoi ? Parce que, je ne veux plus qu'ici on lise les conséquences désastreuses de mes e-love affairs. Maintenant on lira les conséquences désastreuses de mes relations hors net. Ah ah ah. Bah oui, vous pensiez tout de même pas que j'allais cesser de vous raconter mes histoires d'amour... et leur naufrage ! (pour le big naufrage, c'est chez ...a)

Je devais rentrer le 23 avril mais j'ai préféré suivre mon instinct (le peu qui reste) et prolonger mon séjour. Rester ici jusqu'au retour sincère de mes sourires. Alors a priori, je rentre le 18 mai. Il faut que je rentre. Sinon je m'égare et je squatte les lieux un an, je me connais. Donc je rentre bientôt, d'ici là mutation et force mentale auront fait leur travail. Si, si. 

Comme dit le titre, je ne suis pas enterrée quelque part entre mes amours perdues et Jésus qui m'aime (!) même si j'en avais la trop douloureuse impression au moment de quitter Paris. Je suis un serpent. Besoin de laisser mes anciennes peaux, les fameux brouillons ou doublons revus écrits depuis la naissance de ce beurkblog. On se déshabille, on se purifie et on recommence, différemment (oui, bon, petit chat, on se tait... le type 1 et l'autre 0, c'est juste du divertissement... et puis il faut bien boucler les boucles... bon et évidemment, si on peut en défaire certaines le temps d'une nuit... surtout si c'est la ceinture de type 1... ok bref on fait genre je suis un serpent un fille qui devient femme qui sait ce qui est bon pour elle etc, ok ?! chut !) 

Alors oui je suis vivante et oui je vous laisse tous mes brouillons. On repart de zéro. Je veux que mon retour sonne une nouvelle ère. (ok, petit chat, shut up, type 1 c'est juste par curiosité, cela n'empêche pas la nouvelle Jen... je me persuade comme je veux, merde ! Oh et puis j'en reparlerai en temps voulu anyway) 

Je vous laisse donc tous les brouillons à partir de maintenant et pour savoir quand la phase brouillon est passée, je ferai une note titrée "Je ne suis pas morte !  juste nue." Ok ?

Ah et pour éviter de me prendre tous les potes, ex ou proches de la famille sur la gueule, sachez que tous ces brouillons n'ont pas de date donc ils peuvent aussi bien datés d'il y a deux ans qu'hier. Et ils ne sont pas dans l'ordre, j'ignore pourquoi, Hautetfort... Bref, c'est le bordel des brouillons, je demande par avance pardon à celles et ceux susceptibles de se reconnaître. (En même temps, les copines se reconnaîtront et rigoleront, je le sais : carottes archi cuites !)

C'est parti pour l'avalanche de brouillons-notes (évidemment, je ne retouche à rien, ni fautes ni autocensure ni rien) ! 

PS : j'ai lu les 4/5 premiers brouillons et putain, je réalise que certains textes auraient pu être écrits il y a deux semaines, dur dur de se voir dans un miroir de mots... Grand besoin de tout abandonner, quel que soit l'avenir, il faut savoir jeter ou donner les vieux bibelots quitte à en racheter des identiques plus tard... bon allez, je publie tout et je lirai au fur et à mesure... 

Encore des bruits inattendus dans la nuit...

Encore bondi du lit...

Encore un putain de crabe enfermé dans ma chambre, gris cette fois.

5h12 du matin et là.

Alors je regarde les blogs. Et j'ai la gerbe en lisant celui qui fait des sketches dignes d'un GO de Kaboul.

M'en faut peu pour avoir envie de vomir en ce moment. Un cafard volant ? nausée. Trop de soleil ? nausée. L'andalou ? nausée. Etc...

J'aimerais bien être un peu plus costaud et accessoirement moins con.

La gerbe et souvent ces vertiges, qui donnent l'impression que la fin est pour bientôt alors que non, c'est juste un coup de fatigue. 

Fait chier, ce crabe. 5h17. Bâillement. 5h18. Comment fait-on, à deux jours de son retour, pour se persuader que Paris nous manque ? 

5h19. 

Si vous pensez encore que j'exagère, matez ça... et pensez à la chèvre.

Autant les margouillats partout, ça me convient, autant quand je vois la taille de la queue de ces espèces de lézards, je suis transportée dans un autre monde, genre Préhistoire ! Mais bon, ils sont inoffensifs mais quand même, avec leur queue de serpent et leur gueule de crocodile, voilà quoi... Putain quand je rentre, je peux tout combattre, le premier mec venu qui me gonfle, je te le tue à coup de balai et te le déplace à 100 bornes de la maison avec les mains ! ;)) 

Sérieux, demain soir je dors toute seule à la maison, ben je peux vous dire que je ne ferai pas la fière ! Comme l'impression étrange d'être dans Survivor ici. ;)

Si quelqu'un peut me dire le nom exact de ce nouveau monstre (pensais que c'était un caméléon au début mais visiblement, non), ça m'intéresse. Putain, pas un jour sans grosse frayeur... et pourtant je suis bien, allez comprendre !

Au temps pour moi, ce sont des iguanes ! Moi devenir débile ici à cause soleil trop taper petite pois dans tête bobo. 

Debout depuis 5h20 du matin (ici maintenant il est 7h07) : une énorme bête m'a réveillée, elle était dans mes affaires et rayait le mur avec ses pinces. Ok, ce n'est peut-être qu'un crabe mais le bruit était flippant. Je n'avais jamais fait aussi vite pour arracher la moustiquaire, bondir du lit et arriver à l'autre bout de la maison. Le pire, c'est que j'ai hurlé comme une dingue et pour l'instant, toujours personne ne s'est levée. Tu peux te faire assassiner, tout le monde s'en fout, rassurant. 

J'attends donc que ma roommate téméraire se lève et vienne choper le monstre. Je ne me ferai jamais à ces bestioles.

Et si ça se trouve, c'est un scorpion... comment ça ils ne vivent pas en Gwada ? Et les scolo, alors, hein ?!!

Pfff.... Tête à l'envers, même pas dormi cinq heures, dur dur. 

JE HAIS TOUTES LES BESTIOLES !!! 

Edit de 10h36 soit 18h36 (ah  bah non en fait 17h36) pour vous : PUTAIIIIIN !!! Je suis rentrée dans ma chambre faire le lit et je prends un sac dans lequel j'avais des chaussures... un énorme crabe avec une tête énorme surélevée et des pinces surdimensionnées dedans tout noir, limite velu avec des yeux flippants. Ici, dans le jardin, il y a plein de petits crabes orange mais celui-là, mon Dieu, j'en avais jamais vu d'aussi gros et effrayants. Quand ma roommate l'a vu, elle a halluciné : elle croyait que j'exagérais en lui racontant mon réveil et elle qui tue toutes les bestioles ici, elle m'a dit que si ce crabe avait été dans sa chambre au réveil, elle serait déjà à l'aéroport. Peut-être exagère-t-elle mais je vous jure, à se demander si ce n'était pas un crabe mygale ! J'ai tenté de trouver une photo sur le web (pas eu le temps de le shooter avant de le foutre loin très loin des abords de la maison - les locaux ont dû me prendre pour une tarée avec mes bottes moumoutes, mon sarouel et mon cintre tenant le sac avec le monstre dedans) mais je ne trouve pas, à croire que ce crabe n'est plus que le seul de son espèce à vivre sur terre et il était pour moi, évidemment ! Mais le crabe cocotier de Malaisie lui ressemble un peu... 

 Vous imaginez : t'entends du bruit bizarre dans la nuit, t'allumes la lumière et tu vois ça... bah tu prends tes deux jambes à ton cou et tu hurles comme une tarée ! La Guadeloupe, ça vous gagne !

Oui, tout est dans le tempo...

Brûler les sorcières, vider sa mémoire, regarder la mer, reprendre son souffle, attiser la flamme belle et pure, nourrir la faim et voler un début, tuer les mensonges, laisser la peine aux aveugles, fuir les microbes, regarder la mer, reprendre son souffle, attiser ma flamme petite et fragile,  écouter et sélectionner, rester soi, jamais se dévaluer, toujours debout, la chaise aux petites gens, le sol aux méprisables, le ciel aux fidèles, les enfants sur le sable, regarder la mer, prendre nos palmes, suivre les poissons, compter les couleurs, piquer les échasses aux clowns, regarder le paysage, trouver les échelles esthétiques, ignorer les fourmis rouges, laisser les cadavres aux bestioles qui piquent, préférer les papillons, préférer les couleurs, préférer l'innocence, préférer la vie, laisser les otages se vider de leur sang, laisser les assassins pourrir tout, savoir tracer son chemin, savoir la vérité, savoir le mensonge, savoir la beauté, savoir la laideur, savoir l'humain, se savoir soi et... continuer à fumer pour vous dire tous ces mots qui me traversent l'esprit ensablé mais triomphant.

 
A part Jen et les bestioles, je crois que je suis définitivement incapable de passer une journée sans m'enivrer de punch et de petit lait. Oui, il faut le savoir, ici, je bois du lait, got milk c'est moi, ambiance rustique façon Laura Ingalls...;) Et puis là, au moins, j'ai une vraie moustache !!! Non parce que j'ai des témoins : ce ne sont pas des poils mais des putains de tâches !!! (Si  un dermato traîne dans le coin, j'aimerais savoir si les tâches de peau s'enlèvent au laser, et si c'est cher.)

Autre chose qu'il faut savoir : avec Nostalgie, la fête est plus folle ! Voui, j'ai adoré me cramer la gueule au son des années 80, même pas honte ! Comment s'appelait cette fille qui chantait "et j'ai découvert qui je suis... je serai làààààà, toujouuuuurs pour toiiiiiiii" ? Je la veux, envoyez-la moi s'il vous plaît !!! 

Bon, moi je file bronzer parce que je suis encore trop blanche, même que les nains blancs mais noirs (l'inverse marche aussi) bah ils me filent des complexes !

Et aussi, je crois que je vais rester ici un petit peu. 

Mes ennemis les chevelus ça marche aussi, surtout quand ils viennent vous gratouiller la cheville. Berk. 

Et aussi : j'en ai marre de me faire draguer tout le temps. C'était sympa au début mais là, ça me gave : ils savent tous où je vis, je vous raconte pas l'angoisse : à chaque fois que je sors de chez moi, il y a au moins un ou deux mecs qui speedent pour me rattraper... putain, je sais que je suis bonnasse  (si, c'est vrai, mais heuuuu) mais là, merde, lâchez-moi un peu ! (sauf le mec de sainte Anne avant-hier, lui, quand il suce son Floup, ça me fait un petit quelque chose...)