Made in Rive droite

Les gens de ma génération, du moins à Paris, me déçoivent beaucoup, je suis comme un gros chat d'appartement qu'on aurait sorti dans la cour d'un l'immeuble de cons de provinciaux grimés en parisiens pour crâner devant les voisins. La solitude n'a jamais été aussi froide et peu attractive ici, Paris intra-muros. Leurs idées d'un nouveau Paris sont laides comme leur smartphone, riches d'applications douteuses pour oublier la mémoire, la plume et le papier, sensuel.

C'est triste de voir sa ville défigurée par des gens qui n'ont rien compris à l'âme titi parisien. Ma mère, toute sa famille, ce sont des parisiens pur jus, j'ai du chagrin chaque jour dans le métro en constatant froidement l'absence de poésie. La poésie post-moderne, c'est peut-être le chaos. C'est triste d'être entier dans une ville où le superflu flingue tout, même le sens critique. J'ai la désagréable sensation d'être entourée de cons qui n'ont qu'une envie : goûter le burger à la mode et s'inscrire au prochain marathon qui leur procurera le sentiment de s'être dépassés. Dépasser quoi ? Leur vie médiocre faite de bric et de toc ? Quand cessera cette course à la connerie 3.0 ? Je déteste ces troupeaux uberisés sous et sur terre. La pauvreté intellectuelle a de l'avenir, on dirait bien.

Paris ne m'appartient plus, je vieillis en écoutant l'âme des belles personnes, ma famille, ça et l'amour de mon homme, entier, c'est tout cela que je chéris le plus désormais. Paris devient laide, Daniel Darc avait vu juste avant moi depuis longtemps, Paris n'est qu'une putain de poubelle.

Bizarrement, malgré tout, je compte bien rester pour les faire chier.

Calling you - JEFF BUCKLEY

Mutation.